Mon avis sur Colorful de Keiichi Hara

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Synopsis

Un esprit gagne une deuxième chance de vivre à condition d’apprendre de ses erreurs. Il renait dans le corps de Makoto, un élève de 3ème qui vient de mettre fin à ses jours. L’esprit doit endurer la vie quotidienne de cet adolescent mal dans sa peau. Avançant à tâtons, s’efforçant de ne pas reproduire les fautes de Makoto, il va finalement découvrir une vérité qui va bouleverser son existence.

Contrairement à Vice Versa, ce film traite directement d’un trouble de santé mentale et à un âge où très souvent les troubles commencent.
Ici, le réalisateur parle suicide, prostitution, dépression, harcèlement, donc gros trigger warning avant que vous poursuivez cet article. Rien n’est montré directement mais pas besoin. La suggestion suffit. Je vais aussi éviter au max de spoiler.

Notre personnage principal

Voici Makoto, élève de 3ème qui a fait une tentative de suicide. Sa famille est en difficulté, il ne s’entend pas avec son frère qui se moque de sa « stupidité ». Il est harcelé à l’école, n’a pas d’ami et la fille qu’il aime semble se prostituer.
Seulement, l’intelligence de ce film est de faire comme si une âme « étrangère » c’était réincarné en lui et devait corriger son erreur. L’effet de cette vue à la troisième personne me rappelle mon point de vue actuelle sur mon passé suicidaire.
Ce film m’a fait pleuré parce qu’il a résonné avec mon passé, même si je n’ai pas rencontré les mêmes diificultés que le personnage principal. Ma première tentative de suicide était en Première mais les symptômes avaient commencé bien des années avant. Avec un repli sur moi, très peu d’échange avec mon entourage, quelques amis mais avec qui je n’avais pas trop de lien en dehors de l’école. Je ferai le même geste que lui, littéralement.
Le séjour à l’hôpital est une sorte de parenthèse étrange et le retour au domicile est bercé par le déni entourant notre personnage principal.

La place de la famille est assez bien décrite, avec leur déni, leur volonté d’aller de l’avant tout en couvant Makoto. Comme lui, j’étais aussi très en colère contre mes propres parents (bizarrement ma mère comme pour Makoto mais absolument pas pour les mêmes raisons) et ma famille a dû faire face à quelque chose de tabou, d’incompréhensible. Mais, sans s’en rendre compte une forme de pression s’installe et la dynamique familial semble fausse, forcée.
J’ai été couvé, ma famille marchait sur des œufs et mon lien avec eux s’est détérioré avec la pression qu’accompagne la peur qu’une tentative de suicide se reproduise. La relation avec mes frères aussi a été compliqué, beaucoup de non dit et d’incompréhension. Le message que je faisais ça pour attirer l’attention, je l’ai eu aussi.

Dans ce film, l’école prend également une grande place. Tout d’abord par le changement apparent de la personnalité de Makoto, ce qui surprend tout le monde et petit à petit, on découvre l’importance des passions et des amis , autant pour le rétablissement que pour tenir dans les moments difficiles. En filigrane, on a aussi la présence du professeur principal qui se dessine et cela me rappelle, ma professeur de français qui a été très présente pendant mon hospitalisation et même après, l’attention qu’elle m’accordait et son soutien m’ont beaucoup touché, moi qui pensait que j’étais transparente et indigne d’attention.
Makoto développe quelques amitiés dont une qui va le transformer et lui donner un but dans la vie, il va donc commencer à réviser avec lui, sortir se promener (les fans de trains vont adorer le passage sur le TAMADEN) et au final, vivre sa vie de collégien.

De mon point de vue, personnel et non professionnel, je pense que beaucoup de gens se reconnaîtront dans ce petit bonhomme qui se bat avec ses difficultés et qui découvre des principes de base comme l’amitié, la communication et aussi, la violence de ses propres jugements sur lui-même et les autres. J’ai revisiter mon passé par son biais, j’ai vu le parcours que j’ai mené depuis malgré les hauts et les bas.

Maintenant, mon point de vue professionnel!

Le sujet du suicide et de la dépression sont difficile à aborder pour tout le monde, la personne concernée, la famille, les amis, l’entourage professionnel/scolaire. On manque de support pouvant initier la conversation et pour moi, ce film peut être utilisé. Pas de charabia médical, pas de psychologies, juste une histoire de vie. Il y a énormément de concept comme se sentir différent (penser être fou, être parfois très en colère, ne pas comprendre les autres…), les difficultés familiales, les incompréhensions de chacun, le poids du jugement des autres, le pouvoir de l’amitié pour aller de l’avant.

D’autres sujets peuvent être aussi abordés comme l’effet des secrets sur une personne, la prostitution/prise de risque à l’adolescence, le harcèlement scolaire, la pression du futur. Mais, ils sont plus au second plan vu que cela concerne des personnages secondaires et qu’on en sait pas plus sur eux à la fin.

Si je devais utiliser ce support, cela serait pour un atelier cinéma que parfois j’anime le weekend. Le but étant de permettre à un groupe au même problématique de se rencontrer et d’échanger. Créer du lien, ne pas se sentir isoler et passer un temps avec d’autres. Voilà, les objectifs premier de ce type d’atelier.
Avec mon collègue, on va proposer cela à des patients ayant un trouble de l’humeur et/ou ayant fait une tentative de suicide, je pourrai éventuellement proposer aussi en fonction de la tranche d’âge si j’ai beaucoup de jeunes adultes (quand ils sont ados, c’est beaucoup plus simple) et pas de sélection par le genre. Makoto est assez « neutre » pour que tout le monde puisse se reconnaître dedans.

Ensuite, projection du film et après une pause goûter, on se réunit à nouveau et le groupe discute. Mon rôle est de laisser les participants discuter, répondre à des questions, apaiser les tensions. Très souvent, chacun va parler de son histoire, de ses trucs et astuces. Makoto permets juste une libération de la parole parce qu’il y a un tiers faisant le lien.

En dehors de cet atelier, je peux être amener à le conseiller si une personne a dû mal à identifier son ressenti sur son passé suicidaire/dépressif. L’écho que peut produire le film en soi (que j’ai ressenti) amène à une introspection assez intéressante, on va se sentir désoler pour lui, on va être d’accord avec le message du film que la vie mérite d’être vécu mais en comparaison, on ne va pas se l’accorder pour soi. Limite, l’entendre d’un tiers aura plus d’impact que si cela venait de nous.

Voilà, mon avis sur ce film très touchant.

Je vais laisser le dernier mot à purapura parce que cette phrase à résonner en moi comme jamais.

« GARDES TOUTES TES COULEURS ET FAIS DE TA VIE UNE BELLE PEINTURE. »

Prenez soin de vous,
Nelly

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  1. Avatar de daugheteekolt daugheteekolt dit :

    wow!! 42Mon avis sur Colorful de Keiichi Hara

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