
Je parle beaucoup de la dépression mais l’autre facette de ma bipolarité est la phase hypomaniaque (bipolarité type 2), un niveau en dessous de l’état maniaque et qui est plus difficile à diagnostiquer parce-qu’il y a moins de retentissement sur la vie socio-professionnelle.
Je ne vais pas mentir, c’est un état que j’apprécie parce-que je suis en mouvement, pleine d’énergie, pleine de projets, je socialise, je me sens bien et il est difficile de ne pas aimer cet état. Cependant, malgré ces caractéristiques qui semblent attrayantes, il existe une face obscure c’est que je suis aussi très irritable, je parle énormément, je suis distraite (ne mettez pas un chat sur mon chemin), j’ai tellement d’idées à la seconde que lorsque je discute il est difficile de suivre ma pensée. La vérité est que pour moi, je suis la meilleure version de moi-même, mais pour mes proches, je suis exténuante et ils marchent sur des œufs. Le fond du problème réside là, c’est qu’il est très difficile de voir ce côté obscure tellement on se sent en pleine forme, même après être « redescendu », les remarques des proches semblent irréels.
Souvent, cela commence par une sensation d’avoir plus d’énergie, des envies commencent à émerger petit à petit, ça se bouscule un peu au bout d’un moment et parfois ces envies sont un peu perchées, l’estime de soi remonte en flèche ainsi que la prise de risque. En même temps, le corps a besoin de bouger, sortir dehors est plus facile. Le repos? Ça sera pour un autre jour. En parlant de repos, les heures de sommeil diminuent petit à petit, sans que la fatigue ne se fasse sentir. Or, il y a quelques signes, la concentration diminue et tenir une conversation sans changer milles fois de sujets est quasi impossible. En parallèle, les inhibitions diminuent, les dépenses deviennent difficiles à contrôler, parfois le compte bancaire finit dans le rouge, mais sur le moment ce n’est pas très grave. Par contre, la libido elle, elle grimpe et c’est plaisant, le désir se fait plus facile, le problème c’est que parfois la prise de risque augmente en parallèle, l’acceptation de certains actes ou certaines rencontres se font plus facilement mais est-ce qu’il y a un réel consentement?
Je pense que vous comprenez le bon côté, mais aussi les problèmes sous-jacent que pose ces épisodes. Mais, le plus gros problème, c’est la distorsion de la réalité qui se produit, parce que comme je disais au dessus, l’entourage voit d’un tout autre œil ce qui se passe. Il m’a fallu un sacré temps, pour accepter ce qu’ils me disaient. Moi je m’énervais facilement? Mais, pas du tout ! J’étais la joie incarnée! Comment ça j’étais épuisante? Dans mon monde intérieur, tout allait bien et pourtant, j’avais souvent des reproches, de petites piques. Fort heureusement, j’ai pu avoir l’aide de mon psychologue pour jouer un peu les médiateurs et me rendre compte de l’effet dévastateur de mon hypomanie. Il a fallu parler de beaucoup de sujets et aussi accepter que dans ma vérité, il y avait un gros trou que je devais combler en écoutant mon entourage.
A l’heure actuelle, mon meilleur indicateur de suivi reste mon sommeil, sa durée et sa qualité. Est-ce que je mets beaucoup de temps à m’endormir et pourquoi? Combien d’heures? Depuis combien de jours ça persiste? Parfois, j’arrive à comprendre que je commence à « monter » quand j’écris dans mon journal, je vois les idées fusées sur le papier. Mais, ça reste fluctuant, le reste cela reste très difficile à suivre et à rester objectif dessus. Cet état est tellement prenant, que prendre du recul, c’est une mission compliquée et comme je l’ai dit, la puissance que je ressens fait qu’il est dur de capter tout de suite le problème.
Pour gérer ces moments, j’ai besoin de m’isoler et de diminuer les stimuli de l’environnement, me poser, ne surtout pas faire trop d’activités stimulantes. Il me faut du calme. J’écris beaucoup pour extérioriser mes pensées, j’essaie de canaliser mes envies. Je demande aussi de l’aide à mes personnes ressources, surtout par rapport à mes finances, où je vais leur demander de me superviser et de me raisonner. Je leur ai appris les arguments et les attitudes à avoir dans ces moments. Si ça persiste vraiment, j’en discute avec mon psychiatre qui adaptera mon traitement en conséquence .
En espérant que cet article vous plu,
Prenez soin de vous
Nelly