L’akathisie ou cet indésirable peu connu

Un des objectifs que je me suis fixée avec ce blog est de faire connaître les effets secondaires des traitements parce que très souvent, les médecins n’en parleront pas parce que justement ces effets sont un peu moins fréquents.

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Récemment, j’ai lu un article du Times ainsi que visionné cette vidéo sur le Professeur Jordan Peterson, psychologue canadien surtout connu pour ses prises de positions contre la loi C16. Je suis assez mitigée sur Peterson, mais, si j’exclus la controverse autour de cette interview, ce qui a attiré mon attention dans cet article, c’est son sevrage en Clonazépam ou Rivotril comme nous l’appelons couramment et celui-ci s’est plutôt mal passé vu qu’il a eu l’apparition d’une akathisie prononcée. Le rivotril est une molécule dans la catégorie benzodiazépine et qui est, à l’heure actuelle en France, prescrite sous la supervision assez stricte d’un neurologue. Au Canada, il semblerait qu’il est encore couramment utilisé comme anxiolytique, myorelaxant et hypnotique (somnifère) et beaucoup moins surveillé qu’ici. Il s’agit d’un traitement extrêmement compliqué à arrêter, notamment à cause de la dépendance physique/psychique, il faut donc le faire très progressivement sous peine d’effet de sevrage important. Enfin, je vais un peu passer sur les nombreux effets indésirables et je ne parlerai pas non plus des hospitalisations de ce psychologue au Canada, US, Russie et Serbie pour son sevrage parce-que je n’ai pas assez de donnée sur la prise en charge dans ces pays. Cependant, son symptôme d’akathisie est très intéressant, mérite à être connu et compris, en particulier parce-que j’ai eu, il n’y a pas longtemps, l’occasionde voir un patient en souffrir aussi sur une diminution d’un traitement mais cette fois-ci un neuroleptique, le Risperdal.

Sur Wikipédia, vous trouverez cette définition « symptôme qui se définit par des impatiences, une impossibilité de s’asseoir ou de rester dans la position assise, un besoin irrépressible d’agitation, de se balancer en position debout ou assise, de piétiner ou de croiser et décroiser les jambes. Elle peut se traduire aussi par un sentiment d’angoisse intérieure où le sujet ne se sent bien ni assis ni debout ni couché et où seul le changement de position engendre un léger soulagement ». Pour résumer plus simplement, le corps de la personne souffrant d’akathisie ne peut pas s’empêcher de bouger, j’insiste bien sur le fait que c’est le corps qui bouge indépendamment de la volonté de l’individu.

Cependant, cette définition ne permet pas de se rendre compte de ce qui se passe, j’ai donc cherché des vidéos pour vous permettre de visualiser, je m’excuse par avance, les meilleures que j’ai trouvées sont en anglais. Petit warning avant que vous visionniez, les témoignages filmés sont assez durs à regarder et ces personnes sont en grandes souffrances, ne cliquez que si vous pensez en être capable ou revenez à un moment plus propice pour vous. Dans la première vidéo , vous avez aperçu des nombreux gestes/mouvements qui peuvent se développer puis quelques témoignages rapides. Dans la seconde, on y voit un jeune homme parler longuement de ces symptômes ainsi que de son ressenti mais, grâce à la durée de la vidéo, je pense que vous pourrez comprendre le caractère incessant de ce symptôme.
Je pense qu’il est important que je vous montre ces vidéos pour que vous puissiez mieux en parler à votre médecin ou même juste détecter ce symptôme plus rapidement que vous soyez consommateur de traitement psychiatrique ou même un proche d’une personne qui en souffre.

Maintenant que vous avez une idée précise de cette manifestation, vous allez certainement me demander, à quoi est-ce dû ? J’ai eu beau cherché, pas vraiment d’explication sur le mécanisme d’apparition mais cet effet indésirable apparaît avec les neuroleptiques (Risperdal, Largactil, Haldol…) et les antidépresseurs (Seropram, Prozac, Zoloft…). Le « traitement » est dépendant de la sévérité du symptôme, un simple correcteur peut parfois aider à diminuer les impatiences ou alors c’est la diminution du médicament incriminé qui aidera, parfois ça sera le changement de molécule qui permettra de sortir de ce cauchemar. Dans les cas plus chronique, d’autres traitements peuvent être proposés comme des anxiolytiques, un bêta-bloquant et d’autres. Pour prévenir cet effet, très souvent les psychiatres prescrivent des petites doses pour ensuite augmenter jusqu’à une dose thérapeutique qui correspond à la personne. Dans tous les cas, mon conseil est d’aller voir votre psychiatre, de lui en parler le plus honnêtement possible de votre ressenti et des difficultés que cela entraîne sur votre vie.

Pourquoi j’avais envie de vous parler de ce symptôme ? Tout simplement parce que comme le décrit assez bien le Dr Peterson, l’une des complications dans un premier temps est l’idée suicidaire puis le passage à l’acte suicidaire. Le ressenti du psychologue canadien fait écho avec ce qui s’est passé pour mon patient, à un moment, son épuisement et sa souffrance psychique furent tels qu’il ne voyait plus que cette solution pour avoir du repos et enfin se sentir apaisé. Dans sa forme « la plus légère », il existe déjà un sentiment d’anxiété qui s’associe assez facilement aux difficultés par rapport aux regards des autres. Dans les formes plus sévères, la vie quotidienne devint un « enfer » (propos de mon patient), épuisement physique/psychique, amaigrissement à cause des mouvements incessant et par exemple, il est difficile de rester à table, tandis que le sommeil et le sentiment de récupération sont très perturbés… Par conséquent, je voulais mettre en garde le plus de personnes possibles pour permettre une meilleure surveillance des effets indésirables et aussi permettre aux proches de savoir à quoi correspond ces mouvements étranges que font leur frère/ami/parent/etc et qui peuvent être très incompris et trop souvent associé comme un trait de la maladie.

J’espère que cet article vous a plu.
N’hésitez pas à me dire en commentaire si l’ajout de vidéo vous paraît aidant.
Prenez soin de vous
Nelly

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