
En ce moment, on parle énormément du décret de remboursement des psychologues et je me suis dit que j’allais vous partagez mon expérience sur ce sujet.
Mon premier suivi date de mes 16 ans mais n’a duré que deux mois, je ne me sentais ni à l’aise ni écouté par cette professionnelle de santé. Après cette expérience désastreuse, je peux vous dire que les psychologues et compagnie, j’en avais la pire image possible. Inutile, chiant, gênant… et les moments de silence devenaient de la torture pour mon esprit.
Après ma deuxième tentative de suicide, j’ai été mise entre les mains d’une psychothérapeute pour ados, en plus d’une psychiatre. Cette fois-ci, quelque chose a changé, j’ai rencontré une femme gentille, pas de silence de cinq minutes, parfois on marchait dans le parc de l’hôpital pour discuter, je me sentais plus à l’aise et j’ai lâché pas mal de mes problèmes auprès d’elle puis en présence de mes parents grâce à son aide. Mais ça n’a duré qu’un an, après quoi je me disais que j’étais guérie de ma dépression et que tout allait pour le mieux.
Après quelques années en montagne russe, je suis retournée voir une psychiatre qui m’as diagnostic ma bipolarité et m’a fortement conseillée d’avoir un suivi par un/une psychologue. Je vais être honnête… j’ai bien mis un an avant de me décider parce-que j’avais quelques difficultés sur certains sujets et avec ma psychiatre on parlait surtout traitement, symptôme, maladie environ 1 ou 2 fois par mois. Malgré les traitements, je n’avançais pas vraiment sur le fond et j’ai commencé à vouloir comprendre pourquoi j’avais cette pathologie, d’où ça venait et avoir un espace de parole. Dès lors que cette étape était franchie, j’ai commencé à me renseigner sur les thérapies de manière globale. Un monde s’est ouvert à moi avec pleins de possibilité, de techniques… En somme, la noyade dans les thérapies. Comment choisir? Qu’est-ce qui va marcher avec moi? Quel profil suis-je? Est-ce que je vais être jugée? Est-ce que je le mérite? J’avais beaucoup de questions et d’appréhension sur le moment.
En réalité, j’en ai eu assez de cogiter seule et je me suis lancé du jour au lendemain, en choisissant par rapport à mon lieu d’habitation, y aller à pied, c’est sympa. Oui, parfois, il ne faut pas aller chercher loin, en tout cas pour se lancer.
Se lancer c’est bien, mais maintenant il fallait trouver la « bonne » personne et ce fut un peu laborieux. J’ai dû en rencontrer 3 personnes avant de trouver le psychologue où je lâchais prise en toute sécurité, en sachant que pour chaque thérapeute rencontré avant, j’avais fais deux ou trois séance maximum, juste histoire d’être sûre que ça ne passait pas. La première séance est toujours un peu étrange et inconfortable, par conséquent, je « poussais » un peu. Autant dire que rien que ça, ça donne pas très envie et il faut être motivé. Chaque psychothérapeute est différent, de mon point de vue, c’est un milieu très hétérogène, je ne savais jamais qui j’allais rencontrer et j’avais beaucoup d’angoisse. Je ferai, prochainement, un article sur les types de thérapies que vous pouvez rencontrés parce-que c’est un sujet qui mérite une attention particulière.
Après 8-9 mois, j’ai trouvé mon psychologue avec une approche cognitivo-comportementale, thérapie qui vise à modifier positivement les croyances et pensées négatives que la personne cultive sur elle-même (addictions, phobies, trouble obsessionnel compulsif…), le travail a pu donc commencer et en soit est toujours « en cours ». Alors, dis comme ça, ça peut faire peur. Vous vous dites, « depuis tout ce temps, elle a encore besoin d’un psy?! » et en conclure que c’est du bullshit en boîte. Il faut savoir que chaque suivi est différent avec des modalités différentes de durée et chaque patient a ses propres traumatismes, ses propres besoins et j’en passe, par exemple, une psychanalyse en théorie c’est minimum un an… Mon suivi n’est et ne sera pas le vôtre, je ne donne ici que mon expérience.
Actuellement, ma thérapie est à un stade où j’essaie d’acquérir en autonomie, j’y vais quand j’en ressens le besoin, parfois j’y vais 1 fois tous les 3 mois, parfois quand je vais moins bien, j’y vais 1 ou 2 fois par semaine pendant un ou deux mois puis plus rien pendant 6 mois. Bien sûr, j’ai commencé comme tous les nouveaux patients, j’y allais une fois par semaine, je déversais tout ce que j’avais en moi, mes problèmes, mes questionnements, mes émotions en recherche de réponses, de conseils, voir limite d’une marche à suivre. Sur le dernier point, j’ai vite compris que la marche à suivre, ça devait venir de moi et ça prend du temps. Cependant, avant de trouver mes solutions, il me fallait découvrir tout un pan de mon esprit que j’avais enfoui pendant plus de 20 ans au fond de moi et qu’inconsciemment j’avais bien laissé mijoter. Apprendre à en parler, repérer mes émotions sur le sujet, voir les conséquences sur mon comportement, apprendre à relativiser ou pardonner sur certains sujets, voilà le plus gros travail que j’ai dû effectuer pendant ces années de thérapie.
Plus haut je parlais d’autonomie, pourquoi je travaille sur ça? La thérapie crée une dépendance en quelque sorte, vous avez à disposition une personne qui vous écoute, vous guide et, au quotidien, il faut avouer qu’il est difficile de recréer les conditions d’une séance pour diverses raisons, par exemple, pour moi, je me sentirai très vite égoïste de parler de mes problèmes à mes amis et d’accaparer la parole sans trop d’égard à leur propre vie. Je vais vous paraître un brin narcissique mais la thérapie c’est un moment centré sur soi-même et j’oublie très vite que la personne en face de moi à ses propres problèmes, son propre vécu. Or, c’est le seul endroit où j’arrive justement à occulter cet aspect sans me dire que je suis la pire connasse de la planète. Avec le recul, je sais qu’au début j’ai eu du mal à lâcher prise puis j’ai aussi eu une phase où seul l’avis de mon psychologue comptait. Je pense que ça fait parti du processus mais mon thérapeute a su gérer ce laps de temps où j’étais dépendante de sa perception et je buvais sans trop critiquer ce qu’il pouvait me dire.
Vous devez vous demandez pourquoi j’y vais encore si je cherche à être autonome. Je pense que ça peut vous donner un aperçu d’un sujet qui peut être traité par ce biais. A l’heure actuelle, je me sers de cet outil par rapport à mon lien aux autres, plus particulièrement, partager ma vie. Je suis une personne très « secrète » sur mon quotidien, de peur d’être juger, d’être une casse-pied mais aussi, de peur de dépendre de quelqu’un et donc perdre mon autonomie. Ainsi, pendant un rendez-vous, je peux être amené à parler de moments où je me suis sentie gênée par rapport à une question ou une remarque, parfois sur un sentiment que j’ai eu pendant une conversation. Mon psychologue, va me poser alors des questions sur mon ressenti, pourquoi j’ai eu cette réaction et pousser le raisonnement rarement positif et un peu absurde que je peux avoir intérieurement. Puis, ensemble, on explore les pires schémas qui puissent arrivés ou le fameux « et alors? Pourquoi c’est aussi important pour moi? ». Il y a donc aussi la question de ma gestion émotionnelle parce-que mon fonctionnement est de retenir mes émotions et mon ressentit pendant très longtemps sans forcément trouver un lieu/ une personne où je me sente vraiment libre de dire tout ce que je pense sans filtre, notamment si en fond je suis en colère ou blessée. La conséquence est que parfois je suis une cocotte-minute prête à exploser. Or, grâce à mon passé, je connais les limites de ma patience et les effets dévastateurs de mes explosions et mon impulsivité.
Voilà l’utilisation que je fais de ma psychothérapie, pour vous ça sera d’autres sujets, d’autres questionnements, d’autres utilités. Nous avons tous un vécu, des traumatismes, des difficultés, des peurs différentes mais, je pourrai résumer la thérapie comme un univers de développement de soi où petit à petit on apaise les conflits intérieurs et où on acquiert en autonomie. Et vous, comme définiriez-vous cette pratique?
Prenez soin de vous,
Nelly