Gérer mon état émotionnel

Les gens qui me connaissent vous diront tous que j’ai une légère obsession avec les émotions au sens large: leur intérêt, leur manifestation, leur impact … Étrangement, j’ai toujours eu besoin de comprendre le ressenti des gens et avec ma première dépression, l’intérêt n’a fait que s’intensifier. A cette époque, je n’arrivais pas à comprendre ce qui m’était arrivé, les émotions ressentit et leur impact sur mon comportement. A quoi sert la tristesse? Pourquoi je ressens ça? Pourquoi je n’arrive pas à en sortir? Je n’avais pas trop de réponse à l’époque, hormis qu’on m’expliquait que c’était en lien avec mon environnement. Cependant, les raisons avancées ne me satisfaisait qu’à moitié, j’avais besoin de plus parce qu’après ma première tentative de suicide, j’en étais arrivé à la conclusion que les émotions négatives étaient dangereuse et qu’il était mieux de ne pas les ressentir. Évidemment, ce n’est pas une solution sur le long terme, je cherchais à les éviter et elles me revenaient en pleine tête.

Mes propos peuvent prêtés à sourire, cela à l’air stupide de penser ainsi mais quand j’ai fait mes crises dépressives, la tristesse que j’ai ressenti puis le désespoir m’ont poussé à faire des tentatives de suicide, ces deux états je ne pouvais les fuir. Or, elles étaient devenues pathologiques. J’en suis forcément venu à me demander quelle était la normalité des émotions que je pouvais ressentir. Puis, quand je fus diagnostiqué bipolaire, je doutais même de mes émotions positives.

Au travers de mes recherches, je me suis rendu compte que ce sujet est vraiment vaste et touche à tellement de chose. Les émotions ne sont pas juste un ressenti en réalité. Elles impactent sur notre comportement, sur nos interactions avec les autres, nous permettent de nous protéger, de nous défendre et j’en passe. Avec ma maladie, je me pose tout le temps la question de la validité de mes émotions et de leur origine. Pourquoi je me sens heureuse? Est-ce normal? Pareil pour toutes mes émotions.
Par la suite, j’ai appris que mes propres émotions pouvaient influencer mes relations avec les autres et je dois admettre avoir paniqué à cette idée car l’implication est que les gens peuvent voir ce que je ressens. Or, quand on cherche à cacher ces difficultés, il n’y a rien de pire que d’être un livre ouvert. J’ai donc développé mon art « sourire quoiqu’il arrive, être de bonne humeur » et ce, même dans des moments difficiles. Cela est épuisant de toujours se contrôler et franchement, la positivité intensive peut vite devenir toxique. La colère est tout aussi importante que la joie, elle a le droit d’être exprimé mais dans les limites de l’acceptable. Ça peut sembler évident, mais cette évidence m’a pris des années à intégrer surtout que sur les réseaux sociaux/ les médias, le message majoritaire était « il faut être positif, être joyeux… ».

Lorsque j’ai compris que mes émotions seront toujours là, j’ai commencé à me demander comment les gérer, éviter les rechutes, exprimer correctement ce que je ressens et moduler mon ressenti. J’utilise plusieurs outils au quotidien.


Le plus important, la musique.. Par exemple, quand je suis en colère, je me passe en boucle Linkin Park ou System of a down ou Slipknot et certains morceaux très spécifique et instantanément, je me sens plus calme parce que je me focalise complètement sur la mélodie et c’est comme si je m’exprimais. Il n’y a pas une journée sans que j’écoute une chanson, au point où c’est devenu aussi un moyen pour moi de communiquer avec mes aidants sur mon ressenti sans utiliser de mots. Quand je n’arrive pas à m’exprimer verbalement et qu’ils vont me demander ce que je ressens, je leur fais écouter la chanson que je me passe parfois vingt fois en boucle. La musique est mon support et elle m’influence énormément. Grâce à Spotify, je me suis même créer des playlist spécifique à mes émotions.
Mon deuxième outil est mon journal, notamment quand j’ai énormément de pensées, d’idées. L’écriture est thérapeutique chez moi, m’éclaircir les idées, mettre des mots sur mon ressenti, en prenant mon temps, m’aider à comprendre et voir les raisons de mon ressenti. Je vais me poser, creuser mon ressenti, explorer plusieurs possibilités…
Mon troisième outil est ma psychothérapie quand les émotions sont là depuis un bon moment parce que je vais avoir besoin d’une autre personne pour me sorte de cet état. Parfois, s’écouter devient trop difficile et c’est là où le pathologique peut survenir, donc avoir une « voix » extérieure, sans parti pris dans mon quotidien, cela à plus d’impact que ma propre voix sur le moment. Je ne passe pas par mes aidants parce que, me connaissant, ma petite voix intérieur va plus facilement trouver des excuses pour ne pas écouter leur avis.
Le problème c’est que parfois je n’ai pas accès à ces outils ou mes émotions sont très intense, j’ai deux techniques qui fonctionnent dans ces moments, c’est m’isoler et respirer lentement. Il me faut couper tout stimulus extérieur et me recentrer pour calmer ou contenir, mettre à distance. Par exemple, fermer la porte de mon poste de soin pendant deux minutes après avoir fait un entretien difficile et me retrouver seule, calmer le jeu intérieur, trier mes émotions et finalement reprendre mon travail.

Qu’est-ce que vous mettez en place dans votre quotidien pour gérer vos émotions?

Prenez soin de vous,
Nelly

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